Le niveau actuel des taux et ses conséquences sur les rémunérations proposées par les solutions de trésorerie classiques (compte à terme, compte sur livret, compte courant rémunéré, fonds monétaires, etc.) imposent de revoir la stratégie d’investissement des trésoreries stables et excédentaires.
Selon le cas (lequel dépend de la forme sociale de votre société, des statuts, de l’horizon de placement ainsi que d’autres éléments), il est en effet possible de viser un objectif de performance annuel allant de 1,5 % pour les profils les plus sécuritaires jusqu’à plus de 10 % pour les profils les plus offensifs .
La réflexion est d’autant plus pertinente si votre société dispose d’une trésorerie de long-terme importante et excédentaire.
Différents types de trésorerie d’entreprise
Différentes conditions doivent cependant être remplies pour accéder à ces solutions créatrices de valeur :
- 1ère condition : s’assurer que la trésorerie de la société est bien excédentaire. En effet, aucun risque ne doit être pris si la société n’est pas en capacité de générer une trésorerie additionnelle année après année. C’est parce qu’une trésorerie est importante et excédentaire qu’elle est susceptible de disposer d’un horizon de placement important et qu’il est possible de prendre une part de risque mesurée. Le niveau de risque pris dépendra quant à lui de l’horizon de placement, de votre profil de risque et de votre objectif de performance dans la durée.
- 2ème condition : cantonner les poches de trésorerie destinées aux besoins de court terme (ex : financement du besoin en fonds de roulement et des charges prévisibles dans les mois à venir) et celles destinées aux besoins de moyen terme (projets à plus ou moins brève échéance). Ces poches devront sans doute être placées sur des solutions plus classiques, moins performantes mais moins risquées et rapidement disponibles sans pénalités.
- 3ème condition : toutes les solutions ne sont pas accessibles à toutes les sociétés. Il convient donc de bien analyser le type de société (société commerciale, association, nature des associés, etc.) et les statuts pour vérifier que telle ou telle solution est bien accessible.
Si ces conditions sont remplies, c’est que votre société dispose d’une trésorerie stable et excédentaire susceptible d’être placée sur un horizon de placement important. Dès lors, il est urgent de dynamiser cette poche.
Pourquoi faut-il changer de stratégie pour vos trésoreries excédentaires ?
La plupart du temps, notamment dans les réseaux bancaires, l’excédent de trésorerie est placé sur des comptes à termes, des Sicav monétaires ou encore des certificats de dépôt qui ne rapportent malheureusement plus rien. Ces produits sont en effet essentiellement corrélés au taux Euribor.
Or, le taux Euribor 3 mois (le taux de référence) est historiquement bas, à -0,549 % au 24/08/2021, là où il était à près de 5 % en 2008. Il a perdu régulièrement en rendement depuis la crise de 2008 et s’est stabilisé depuis fin 2016 à un niveau légèrement négatif. Avec la crise du covid-19, la BCE a clairement annoncé que ces taux devraient rester durablement bas.
Les solutions précédemment évoquées étant toutes corrélées à ce taux Euribor, elles ne rapportent plus rien et cette situation ne devrait pas évoluer dans un avenir prévisible.
Notez au passage que pour les trésoreries de leurs plus gros clients, les banques commencent à faire payer les entreprises pour les sommes détenues en cash non placées (application d’un taux négatif qui évolue dans les mêmes proportions que le taux Euribor).
En parallèle, avec les plans de relances actés et ceux à venir, les grandes banques centrales (dont la BCE) vont créer beaucoup de monnaie. À moyen terme, cette création monétaire va probablement pousser la valeur des actifs tangibles (actions et immobilier) à la hausse. Se cantonner à des valeurs obligataires (corrélées à l’Euribor) va donc aboutir à terme à une perte de valeur (en relatif) pour votre trésorerie de long terme.
Vers quelles solutions se tourner pour placer sa trésorerie ?
Différents critères doivent être analysés pour identifier les meilleures solutions :
- De quel type de trésorerie parle-t-on ?
- Quel est l’objectif du placement ?
- Quel est l’horizon de placement ?
- Quel est le montant susceptible d’être investi ?
- Quel est le profil de risque pour cet investissement ?
- Quelles sont les contraintes légales en matière de placement de trésorerie ?
Notez au passage qu’il est également possible de définir une approche par poches, chaque poche correspondant à un objectif, un projet et ayant ses propres paramètres (objectif, horizon de placement, profil de risque, etc.).
Autant de questions pour lesquelles il est recommandé de se faire accompagner par des spécialistes en placement de trésorerie d’entreprise.
Les principales solutions que nous avons pu identifier pour placer une trésorerie excédentaire sont les suivantes :
- contrat de capitalisation français ;
- contrat de capitalisation luxembourgeois ;
- comptes titres;
- achat de parts de SCPI en pleine propriété ou en usufruit temporaire.
Le choix de l’une ou l’autre de ces solutions dépendra in fine des projets et des appétences de chacun.
Au-delà du choix de la solution (ou des solutions), l’essentiel de la création de valeur viendra ensuite de l’allocation retenue (et envisageable) sur chacun de ces supports : fonds euros, OPCVM, SCI/SCPI/OPCI, obligations, etc.
Enfin, petit rappel sur la fiscalité des trésoreries d’entreprises
De manière générale, les intérêts perçus (ou l’assiette imposable pour les contrats de capitalisation) s’ajoutent au résultat imposable et sont soumis au taux normal de l’IS, soit en 2021 :
- 15 % jusqu’à 38 120 € (taux réduit uniquement applicable pour les sociétés dont le CA est inférieur à 10 M€) ;
- 26,5 % pour la fraction des bénéfices au-delà de 38 120 € (27,5 % pour les sociétés réalisant plus de 250 M€ de CA).
Notez enfin (et c’est une très bonne nouvelle) que le taux maximal de l’IS passe à 25 % en 2022, ceci quel que soit le CA de la société. Un atout supplémentaire pour faire travailler votre trésorerie !
Notez cependant que la fiscalité diffère légèrement dans le cas des SCPI et pour certaines personnes morales comme les associations à but non lucratif ou encore les fondations. Ces données ne sont donc pas à utiliser à la lettre en toute circonstance.
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