Alors que s’ouvre l’édition 2017 de la FIAC (Foire Internationale d’Art contemporain), Café du Patrimoine revient sur le marché très particulier qu’est celui de l’art. Terrain d’investissement décorrelé des marchés financiers, le marché de l’art peut en effet être une piste de diversification à explorer.
Les œuvres d’art comme placements financiers
L’art avait une place prépondérante dans le patrimoine jusqu’au XIXème siècle. Avec la révolution industrielle, nous avons assisté à l’essor des actions et des obligations. Le déclin de l’art en tant que placement a été amplifié au XXème siècle par la dématérialisation et l’augmentation du monétaire.
L’art, un placement de niche
L’art est désormais un placement de niche. Les volumes de transaction sur le marché de l’art en un an correspondent à une semaine de volume de transaction sur le CAC 40. Cette faible liquidité du marché de l’art peut ainsi provoquer un emballement à la hausse : ces dernières années la valeur des oeuvres d’art n’a cessé d’augmenter, la vente la plus chère de l’histoire a eu lieu en en février 2015, avec le tableau « Nafea faa ipoipo ? » de Paul Gauguin vendu à plus de 300 millions de dollars.
Cependant, l’essor des plateformes d’achat en ligne dans le secteur de l’art pourrait démocratiser ce marché. Il y a fort à parier que, dans les prochaines années, on assiste, grâce à la digitalisation des pratiques, à un véritable renouveau du marché de l’art. C’est du moins la thèse soutenue par Nicolas Kaddèche, Responsable Marché Art et Clientèle Privée chez Hiscox. Selon lui, « en se lançant, ces plateformes ont pour but de démocratiser l’art en le rendant accessible à tous. L’idée est de pouvoir permettre d’acheter de l’art facilement, et de proposer des œuvres pour tous les budgets. »
Cette offre des plateformes est également une réponse à l’émergence d’une génération de collectionneurs potentiels très connectés. En effet, pour Nicolas Kaddèche, « les digital natives, qui ont bientôt 30 ans, sont susceptibles de commencer, aujourd’hui, à s’intéresser à l’achat d’art. C’est une génération qui va de plus en plus sur le web pour chercher des informations ou pour effectuer des achats. » Et les sommes en jeu sont loin d’être anecdotiques puisque les ventes d’art en ligne pourraient atteindre 9,58 milliards $ d’ici 2020. De quoi renouveler totalement le monde très fermé et élitiste du marché de l’art ! Pour l’heure, on peut déjà souligner que les ventes d’art en ligne ont atteint 3,75 milliards de dollars en 2016. Aujourd’hui, « le marché de l’art en ligne est dominé par des acteurs traditionnels qui ont intégré à leur business model des plateformes digitales » nous apprends l’étude Online Art Trade Report 2017 de Hiscox qui précise : « En 2016, les ventes en ligne de Sotheby’s, Christie’s et Heritage Auction ont ainsi généré 720 millions de dollars, soit 19 % du marché de l’art en ligne ».
L’art est-il un investissement rentable ?
Différentes études au cours du XXème siècle ont essayé d’estimer la rentabilité des oeuvres d’art.
L’étude Baumol, réalisée sur la période de 1852 à 1961 et sur un échantillon de 600 transactions, a montré qu’un placement en oeuvres d’art a procuré une rentabilité de 0,5 % par an sur cette période
L’étude Frey, réalisée sur la période de 1961 à 1987 et sur un échantillon de 1 200 opérations, a montré qu’un placement en oeuvres d’art a procuré une rentabilité de 1,5 % par an sur cette période
L’étude Channel Varey Gainsbourg, réalisée sur la période de 1957 à 1980 et sur toutes les transactions de 32 artistes présélectionnés, a montré qu’un placement de cette sélection d’oeuvres d’art a procuré une rentabilité de 5,5 % par an sur cette période
Au regard de ces trois études, nous apercevons que la rentabilité du marché de l’art est relativement faible en comparaison des placements en actions par exemple.
Mais au-delà du simple placement financier, l’art est aussi un placement plaisir. On peut contempler dans son salon un tableau de maître, chose impossible avec un portefeuille actions.
Comment investir dans les oeuvres d’art ?
Il peut être pertinent de rappeler que les oeuvres d’art ont l’avantage de n’être pas soumises à l’ISF ni au futur IFI (qui remplace l’impôt de solidarité sur la fortune à partir du 1er janvier 2018). La taxation des plus-values et des droits de successions sont aussi spécifiques.
Pour investir dans les oeuvres d’art, il y a bien sûr les ventes aux enchères et autres galeries mais cela nécessite d’avoir du temps et des connaissances pour sélectionner les oeuvres les plus intéressantes.
Une autre manière d’investir est de passer par des fonds d’investissement spécialisés dans l’art comme le Art Collection Fund.ou par les départements en conseil art qui ont été créés dans certaines banques comme à la Société Générale qui gère le fonds Sgam AI Art Fund.
Types et profils des collectionneurs d’art
Hiscox, assureur partenaire de la FIAC a réalisé une étude sur les collectionneurs d’art à l’occasion de l’édition 2016 de la célèbre foire. « Le collectionneur d’art français est diplômé, senior, francilien. 73 % des collectionneurs sont des hommes. 1 collection sur 5 compte plus de 200 pièces » nous apprend l’infographie.
Si l’hédoniste, motivé par l’amour de l’art achète en fonction de ses coups de cœur, le professionnel est un connaisseur qui y consacre tout son temps (et son budget), quand l’altruiste se soucie des œuvres achetées et soutient les artistes émergents. Mais c’est le profil investisseur qui nous intéresse.
Objectifs et enjeux pour l’investisseur intéressé par l’art
Hiscox décrit le profil investisseur en ces termes « Intéressé par la valeur économique de l’œuvre, l’investisseur choisit les artistes les plus cotés. Il entrevoit sa collection comme un moyen de diversification de son patrimoine. Peu regardant sur l’esthétisme ou l’émotion, il a besoin des conseils de consultant en art. Posséder des œuvres d’art est pour lui synonyme de réussite sociale. » Ajoutons cependant qu’il s’agit là d’un portrait type et que rien ne vous empêche de mettre un peu d’émotion, de plaisir, et d’altruisme dans un investissement qui n’est décidément pas tout à fait comme les autres.
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