En ces temps où les Bourses à travers le monde naviguent sur des niveaux relativement bas, de nouveaux produits structurés émergent.
Évidemment, certains d’entre vous diront que c’est la financiarisation à l’extrême des marchés qui a abouti au krach actuel et qu’il faut faire table rase du passé et de ce type de produits. Il ne faut pourtant pas jeter le bébé avec l’eau du bain ; ces instruments peuvent trouver leur place dans les portefeuilles, à condition d’être bien compris, car ce sont des produits complexes intégrant des sous-jacents dont il faut bien appréhender le mode de calcul, les mécanismes mis en place et leurs conséquences.
Les produits structurés sont avant tout des produits construits à la carte et qui répondent aux besoins des épargnants. Les conditions de fonctionnement sont clairement définies dans le prospectus détaillés de l’offre et peuvent offrir une espérance de rendement intéressante avec parfois une garantie en capital mais bien sur ils ne sont pas tous garantis.
Point positif : on peut faire construire son propre produit structuré en fonction des conditions de marché, de son sentiment et de son aversion ou pas au risque, mais pour cela il faut compter une mise de départ d’au moins 1 million d’euro.
Alors, qu’il y a-t-il derrière ces produits-là ?
Les produits structurés sont des produits associant un placement financier traditionnel, telles que des obligations ou des actions, à des produits dérivés. Cette combinaison donne naissance à un nouveau produit financier avec ses propres caractéristiques. Ils peuvent être adaptés à tout contexte de marché. Ils prennent souvent la forme juridique d’EMTN (Euro Medium Term Notes), c’est-à-dire des obligations moyens termes à capital non garanti émises par un émetteur (une banque dans le cadre des produits structurés) qui se porte garante de l’émission et de sa cotation (souvent au Luxembourg).
La non garantie de l’obligation provient du fait que si l’émetteur dépose le bilan (la banque et c’est une hypothèse à laquelle il a fallu tenir compte ces derniers temps), la compagnie qui distribue l’obligation aura une créance non remboursée. Dans ce cas, en tant que porteur final, vous subiriez également cette défaillance. Le tout étant souvent éligible à des contrats d’assurance-vie, il s’agirait alors de la défaillance d’une unité de compte. Pour ce type de produit, il n’y a souvent pas de garantie de place car on tombe dans le code des assurances.
Il faut donc bien prendre en compte les deux notions de capital garanti si vous vous intéressez aux produits structurés, à savoir la garantie du produit en lui-même (en fonction des conditions déterminées dans ce même produit garanti) et la garantie de l’émetteur qui structure ce produit, ce qui représente deux risques différents.
Toutefois, les produits structurés font partis des solutions de diversification permettant d’augmenter les revenus du patrimoine tout en limitant les risques, spécialement avec une option de protection partielle ou totale du capital. Ceci est d’autant plus intéressant quand les marchés sont chahutés comme actuellement et que l’investisseur souhaite réduire la voilure. Ils peuvent être adaptés afin de correspondre aux besoins de l’investisseur pour ce qui concerne le couple risque / revenu.
Le nombre de produits structurés est relativement important et nous avons décidé de vous en présenter 2 différents :
Génération 9%, basé sur l’évolution de l’indice CAC 40 (garanti par la Société Générale).
EMTN Crédit Corporate 7%, basé sur une classe d’actif visé par le consensus en ce début d’année à savoir l’obligataire (garanti par la BNP Paribas).
Génération 9%
Génération 9% vous offre un rendement de 9% (payé tous les 6 mois soit 4,5% à chaque fois) si le CAC 40 n’affiche pas une baisse de plus de 40% depuis la date d’origine du produit à savoir le 29 mai 2009. Tous les 6 mois, une constatation est faîte au niveau de l’indice du CAC 40 : si son cours est supérieur à celui du 29 mai 2009, vous touchez votre coupon de 4,5% de la période et l’émetteur procède au remboursement automatique de votre investissement.
Si le CAC 40 affiche une perte par rapport au cours d’origine mais que cette dernière est comprise entre 0 et -40% vous touchez votre coupon de 4,5% sur la période et le produit structuré continue à vivre sa vie.
Enfin, si la perte affichée à une date de constatation par rapport au 29/05/2009 est supérieure à 40%, vous ne touchez pas le coupon mais ce dernier n’est pas perdu pour autant. Il est mis en mémoire jusqu’aux dates de constatations suivantes. Dès que le CAC 40 affichera une perte inférieure à 40%, vous récupérerez votre coupon de 4,5% et tous ceux éventuellement mis en mémoire. Le processus continu pendant 8 ans.
Si au terme le CAC 40 affiche une perte supérieure à 40% vous êtes remboursé à hauteur de la perte affichée (si le CAC 40 affiche une perte de 50% entre le 29/05/2008 et le 29/05/2017 alors vous serez remboursé de 50% de votre mise de départ sous l’hypothèse qu’à aucune date de constatation le CAC 40 ne soit repassé positif pendant 8 ans, donc vous avez un risque en capital mais vous aurez probablement touché une partie des coupons…).
Par contre, si le CAC 40 affiche une performance supérieure aux -40% indiqués, vous récupérez votre mise intégralement ainsi que le coupon en cours, voire ceux qui auraient été mis en réserve. En gros, il vous suffira poursuivre ce produit de prendre le cours du 29/05/2009 et d’y soustraire 40% pour suivre les flux de remboursement qui en découleront.
Si le 29/05/2009, le CAC 40 est à 3000 points alors le niveau à surveiller sera 1800 points au dessus de ce niveau vous toucherez les coupons tous les 6 mois et serez remboursé en totalité de votre mise initiale.
EMTN Credit Corporate 7%
L’autre produit structuré, l’EMTN Crédit Corporate 7%, fonctionne différemment puisqu’il est à base d’obligations corporates comme son nom l’indique et offre un rendement de 7% par an à chaque date d’anniversaire pendant 4 ans tant qu’aucun événement de crédit ne se produit sur les entreprises présentes dans le panier.
Les cinq entreprises en question sont : ENEL, DIAMLER, LEGAL & GENERAL, EADS et ARCELOR. Chacun des titres représente 20% de l’investissement global.
Par événement de crédit, on entend : défaut de paiement, faillite, ou restructuration de la dette. En cas de survenance d’un tel événement un taux de recouvrement est défini en fonction du remboursement que l’émetteur a pu obtenir. Ce taux de recouvrement entrera en fonction au niveau du calcul final du remboursement du produit structuré.
Plusieurs scénarii peuvent se produire.
Le premier étant celui où il n’y a jamais de défaut de paiement. Et vous touchez tous les ans pendant 4 ans 7% de rendement et vous êtes remboursé de la totalité de votre mise initiale.
Deuxième cas : un des émetteurs (pondération de 20% pour chaque émetteur) fait un défaut de paiement dès la première année avec un taux de recouvrement de 0 (soit le cas extrême). Vous toucherez alors 7% x 80% soit 5,6% par an pendant 4 ans. Le remboursement final se ferait alors sur 80% de la mise initiale ce qui entraîne une performance globale dans cet exemple de 80% (remboursement) + (5,6 * 4=22,4) soit 102,4% de la mise de départ sans prendre en compte le réinvestissement des coupons tous les ans.
Troisième exemple : nous prenons les hypothèses suivantes : un des émetteurs fait défaut la première année mais sur lequel le taux de recouvrement final est de 40% de l’investissement. Puis au cours de la 3ème année un des émetteurs fait également défaut mais là le taux de recouvrement est de 60%.
Vous toucherez alors en terme de coupon pendant 2 ans : 7% * 80% * 2 soit 11,2% puis sur les 2 dernières années : 7% * 60% * 2 soit 8,4% soit vous aurez touchez pendant 4 l’équivalent de 19,6% d’intérêt (11,2 + 8,4). En terme de remboursement du capital, vous toucheriez : 60% (les émetteurs qui n’ont pas fait défaut) + (20%*40% (un émetteur avec un recouvrement de 40%)) + (20%*60% (un émetteur avec un recouvrement de 60%)) soit 80% de votre mise initiale. La récupération finale serait alors inférieure (19,6 de coupons et 80 de remboursement soit au total 99,6) à votre mise initiale de 100 (sans prendre en compte le réinvestissement des coupons sur la période).
Ces deux exemples de produits structurés (Génération 9% et EMTN Crédit Corporate) montrent que l’on peut se baser sur toutes les classes d’actifs existantes mais surtout qu’il faut bien comprendre les mécanismes de construction affectant le paiement des intérêts intermédiaires et le remboursement final car de là découle l’intérêt ou non du produit.
Si vous souhaitez en savoir plus sur les produits structurés ou que vous êtes intéressé par l’un ou l’autre de ceux évoqués ci-dessus, voire que vous souhaitiez en faire construire un pour vous, n’hésitez pas à prendre contact avec nous.
Samuel You
Phoenix Finance
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