Située au 16ème rang mondial des actifs nets financiers par habitant, la France reste en recul par rapport à l’année 2000 où elle occupait la 9ème place selon une étude menée par Allianz. L’assureur s’est notamment penché sur l’évolution des patrimoines dans les classes moyennes, une catégorie qui a vu son poids augmenter au fil des années.
La France est devant l’Allemagne, en comptant ou non l’immobilier
Malgré un PIB par habitant nettement supérieur à la France, l’Allemagne détient une valeur des actifs financiers inférieure. Les actifs financiers correspondent à des titres ou contrats généralement négociables sur un marché financier. Ils peuvent prendre plusieurs formes comme des actions ou obligations voire même des options, ou autres produits dérivés. La richesse ne se limite pas uniquement aux actifs financiers. Les biens immobiliers font également partie du patrimoine, tout comme les bijoux, œuvres d’art ou automobiles pouvant représenter une part importante.
Toutefois, même en tenant compte de la valeur de l’appartement ou de la maison des propriétaires, la France reste devant l’Allemagne. Les détenteurs d’actifs immobiliers sont en effet, plus nombreux en France qu’en Allemagne. Une étude publiée par la Bundesbank en 2013 avait révélé que le patrimoine moyen des ménages allemands, biens immobiliers inclus, atteignait 195 000 € contre 229 000 € pour les Français.
La France reste dans le bas du classement européen
L’étude de l’assureur Allianz met également en avant le coefficient Gini, un outil statistique utilisé pour mesurer les inégalités. Celui-ci a montré que concernant les actifs financiers détenus, le patrimoine allemand (0,73) était plus inégalement réparti qu’en France (0,65). En effet, plus le coefficient est proche de 1, plus l’inégalité est absolue. En revanche, pour les revenus, l’indice de Gini est plus faible en Allemagne qu’en France.
La France, tout comme l’Allemagne qui est classée 18ème, reste en bas du classement établi par Allianz. C’est la Suisse qui occupe la première place suivie des Etats-Unis et du Royaume-Uni. Certains pays comme la Belgique, le Danemark ou même l’Italie arrivent devant la France. Comment expliquer un tel constat ? Ce phénomène peut principalement se justifier par le système de retraite qui repose davantage sur la capitalisation pour ces pays, un système dans lequel ce sont ceux qui travaillent qui paient les pensions des retraités. La fiscalité peut aussi expliquer cette chute sévère de la France dans le classement. Cependant, le manque de réactivité des épargnants français reste le critère d’explication le plus plausible de ce recul.
Comment expliquer le recul du patrimoine financier des Français dans le classement européen ?
La France reste le seul pays refusant d’opter pour un système de retraite par capitalisation, un système qui est pourtant favorable à l’Italie qui a fait le choix de l’adopter. Le plan épargne retraite populaire (PERP) connait un succès grandissant en France, mais peu d’épargnants en sont encore équipés. La Banque de France a souligné « l’attitude irrationnelle des Français laissant leurs liquidités sur leur compte courant ». Cependant, les Allemands sont dans une situation plus critique puisque 40 % de leurs liquidités restent sur des comptes à vue non rémunérés faisant diminuer le patrimoine chaque année. Les Français ont finalement bénéficié d’un rendement moyen s’élevant à 3,60 % tous placements confondus, contre 2,30 % pour les Allemands.
D’autre part, l’assureur Allianz a souligné une augmentation de la classe moyenne. En France, les classes moyennes désignent les personnes détenant un patrimoine évalué entre 16 000 € et 96 000 € hors biens immobiliers. L’étude montre que cette classe a augmenté de plus de 15 % dans le total du patrimoine financier depuis l’année 2000. La France est le seul pays à avoir connu une telle évolution qui s’explique par le fait que les personnes les plus riches ont été touchées par la crise, se rapprochant davantage de la classe moyenne.
Tous ces éléments contribuent à faire reculer la France dans le classement mondial publié par Allianz. On remarque également le désintérêt des Français pour les placements, ce qui ne joue pas en faveur du patrimoine en France. En effet, cela peut s’expliquer par une méconnaissance de certains produits d’épargne comme l’assurance-vie ou un manque d’informations de la part des acteurs. Dans tous les cas, la crise traversée par la France n’a rien arrangé.
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Responsable Editoriale - Café de la Bourse
Après des études littéraires et une double formation en communication à la Sorbonne et au CELSA, Clémence Tanguy a travaillé à la SNCF et au Conseil Général des Hauts-de-Seine avant d'intégrer l'équipe de Café de la Bourse en 2015. Elle est en charge des sujets relatifs à l'actualité macro-économique, aux crypto-monnaies, aux produits financiers, aux finances personnelles et à l'investissement en général, avec une approche pédagogique et pragmatique.