En cette 4e édition de la Semaine de l’ISR, Café de la Bourse et Café du Patrimoine vous font découvrir l’Investissement Socialement Responsable sous toutes ses facettes. Ce mercredi, nous nous intéressons à l’ISR en obligations.
Traditionnellement majoritaire – 53 % en 2012 – dans l’allocation des investisseurs français (institutionnels et privés), l’obligataire ne pouvait décemment pas rester en dehors de la mouvance ISR. Il représente aujourd’hui le premier poste d’investissement ISR en France et se décompose entre l’obligataire ISR souverain et l’obligataire ISR privé.
L’investissement en obligations a pour objectif de percevoir un rendement déterminé, sur une période déterminée, avec une prise de risque mesurée. Les investisseurs institutionnels (compagnies d’assurance, mutuelles caisses de retraite) en ont notamment besoin pour effectuer les paiements (remboursements, pensions…) à leurs adhérents. Les investisseurs privés les choisissent afin de construire une base de portefeuille stable et relativement rentable.
L’obligataire ISR ne diffère en rien de cette logique. C’est la sélection des émetteurs d’obligations qui se voit modifiée par rapport à une approche classique, que ceux-ci soient des entreprises ou des Etats.
Obligataire ISR privé
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Nous avons abordé dans notre article L’ISR côté actions la sélection d’actions de sociétés socialement responsables, basée sur de nombreux critères ESG (Environnement, Social/Sociétal, Gouvernance). Or l’analyse d’une entreprise en vue d’en acheter des actions ou en vue d’acheter des obligations nécessite l’analyse des mêmes fondamentaux : viabilité, solvabilité, etc.
L’analyse ISR, débouchant sur une évaluation ou note, peut donc servir aussi bien à sélectionner des sociétés émettrices d’actions que des sociétés émettrices d’obligations. L’objectif de l’analyse extra-financière est également le même dans l’obligataire que dans la gestion actions : la prise en compte d’une palette de risques élargie doit permettre de mieux s’en prémunir et donc de dégager de la valeur. Dans le cas d’une transaction obligataire, le risque principal est celui de défaut (incapacité de payer) : une analyse comprenant les dimensions financière et extra-financière donnera une image complète de la société et de ses perspectives.
La sélection d’entreprises légèrement moins bien notées peut être envisagée par les gestionnaires afin de booster le rendement de leur portefeuille. En effet, mieux l’émetteur est noté, plus l’investissement est sûr et moins il génère de rendement. Une entreprise en situation moins favorable devra proposer un coupon (rendement) plus élevé pour compenser le risque prix par les investisseurs.
Obligataire ISR souverain
Les obligations souveraines sont émises par des Etats. Dans le cadre de la gestion ISR, ceux-ci sont notés, tout comme les entreprises, en fonction de critères financiers (déficit public, niveau d’endettement, notation des agences) et extra-financiers (respect des conventions internationales en matière environnementale, des droits de l’homme, etc.).
Là encore, le gestionnaire cherche à s’assurer que les émetteurs des obligations qu’il compte acheter ne vont pas faire défaut. Mais comme pour l’obligataire coporate, il peut chercher un surcroît de performance en achetant des obligations d’Etat moins bien notés.
Par exemple, le rendement d’une obligation de l’Etat français à 10 ans (OAT) est d’environ 2,5 %. Celui d’une obligation équivalente émise en Italie est de 4,2 %, car l’Italie présente un risque de défaut plus élevé que la France. Cependant, l’investisseur peut considérer que ce risque demeure limité du fait du rattachement de l’Italie à l’Union européenne et à la zone euro (solidarité économique et financière, respect des conventions internationales…).
Pour autant, les Etats s’illustrant par un non respect manifeste des conventions internationales ne sont pas censés intégrer un portefeuille obligataire ISR, même s’ils offrent un rendement élevé de leur dette.
En effet, l’ISR vise non seulement à générer de la valeur, mais à diffuser les bonnes pratiques ESG auprès des entreprises et Etats dans le monde. Néanmoins, les fonds ISR ne sont pas légion dans l’univers d’investissement obligataire international, probablement en raison de la difficulté de réaliser des analyses complètes pour des entreprises et Etats lointains.
La performance des fonds obligataires ISR
Nous avons effectué une comparaison des performances des fonds ISR libellés en euros, destinés aux investisseurs particuliers dans différents univers d’investissement. Les frais sur encours inférieurs à 2 % et les droits d’entrée inférieurs à 4 % constituent des critères appliqués à tous les fonds.
Comparaison fonds d’obligations privées en euros
Meilleurs fonds ISR sur les 165 fonds obligataires corporate en euros de la catégorie Morningstar :
Performances 2013
Allianz Euro Crédit SRI R* : 45e avec 2,67 %
Allianz Euro Obligations Crédit ISR : 60e avec 2,10 %
Mirova Euro Sustainable Corporate Bonds R/A : 81e avec 1,53 %
Performances sur 3 ans (annualisées)
Allianz Euro Crédit SRI R* : 28e avec 4,89 %
Allianz Euro Obligations Crédit ISR : 70e avec 5,38 %
LO Funds – Euro Responsible Corporate Fdmtl S A* : 87e avec 3,75 %
Performances sur 5 ans (annualisées)
LO Funds – Euro Responsible Corporate Fdmtl S A* : 69e avec 6,65 %
Parvest Sustainable Bond Euro Corporate C-Capitalisation* : 73e avec 6,44 %
Epargne Ethique Obligations (D)* : 81e avec 3,55 %
Comparaison fonds d’obligations souveraines en euros
Meilleurs fonds ISR sur les 117 fonds obligataires souverains en euros de la catégorie Morningstar :
Performances 2013
CPR 7-10 Euro SR P : 21e avec 1,74 %
CPR 3-5 Euro SR P : 27e avec 1,38 %
LBPAM Responsable Première Moyen Terme : 75e avec 0,43 %
Performances sur 3 ans (annualisées)
Petercam L Bonds Government Sustainable B* : 47e avec 2,87 %
CPR 7-10 Euro SR P : 51e avec 2,70 %
CPR 3-5 Euro SR P : 62e avec 2,16 %
Performances sur 5 ans (annualisées)
Petercam L Bonds Government Sustainable A : 6e avec 5,79 %
CPR 7-10 Euro SR P : 21e avec 5 %
CPR 3-5 Euro SR P : 52e avec 4,01 %
Dexia Bonds Sustainable Euro Govt C (C) : 66e avec 3,46 %
Conclusion : Dans la mesure où le calcul de la contribution à la performance de l’analyse extra-financière demeure difficile, l’explication des résultats passables des fonds ISR ne réside pas nécessairement dans la gestion ISR.
Nadège Bénard
* Fonds bénéficiant du Label ISR Novethic.
Les informations ci-dessus sont données à titre pédagogique. Elles ne constituent en aucun cas des recommandations d’investissement. Le lecteur se doit d’étudier les risques avant d’effectuer toute transaction. Il est seul responsable de ses décisions d’investissement.