La digitalisation de la finance semble loin déjà. Le grand public en a pris conscience avec notamment la dématérialisation de la bourse en 1987 et la fermeture du Palais Brogniart. On en entend beaucoup parler aujourd’hui via les problématiques de Trading haute fréquence et de flaschkrachs. La finance, on le sait, a été très largement impactée par la révolution numérique mais ce que l’on sait moins, c’est que, par capillarité, ce phénomène touche aujourd’hui la gestion de patrimoine qui connaît donc une digitalisation sans précédent. Café du Patrimoine vous présente un état des lieux de la gestion de patrimoine à l’heure du tout numérique et se penche sur les avantages et limites de la révolution numérique appliquée à ce segment particulier de la finance.
L’ubérisation de la gestion de patrimoine
On peut réellement parler de phénomène d’ubérisation de la gestion de patrimoine dans le sens où l’on assiste à l’avènement d’un nouveau modèle économique lié à l’économie digitale, qui menace et remet en cause un vieux modèle de l’économie dite « traditionnelle ». La multiplication récente et rapide de startups et de sociétés plus ou moins importantes et orientées vers le numérique qui sont consacrées à la gestion de patrimoine viennent démontrer la digitalisation de ce secteur.
L’essor formidable des banques en ligne, courtiers en ligne et CGP en ligne
Quand on pense gestion de patrimoine, on pense avant tout à sa banque, aux produits d’épargne qu’elle propose, éventuellement à son capital mobilier investi en bourse et, pour certains, à son conseiller en gestion de patrimoine (CGP). Or, aujourd’hui tous ces acteurs connaissent une véritable mutation, envahis par les offres 100% en ligne d’acteurs qui viennent disrupter le système traditionnel. On pense bien sûr aux banques en ligne qui ont su se faire une place dans le paysage bancaire ces dernières années. Et les choses ne devraient pas s’arrêter en si bon chemin.
Aujourd’hui on peut ouvrir un compte bancaire ou une assurance-vie de son canapé via une tablette. Il est possible de souscrire ses placements et produits d’épargne depuis le web, dans une banque ou chez un courtier 100% digital ou encore chez un conseiller en gestion de patrimoine totalement numérique. À noter, les courtiers en ligne proposent des offres au moins aussi bonnes que celles des courtiers traditionnels. Ils vous permettent non seulement de réduire vos frais de courtage, mais aussi et surtout, de passer vos ordres de façon très simple, à toute heure du jour et de la nuit, et depuis n’importe quel lieu pourvu que vous disposiez d’une connexion internet.
Même le secteur du conseil en gestion de patrimoine se met au numérique. On peut par exemple citer le conseiller en gestion de patrimoine indépendant Althos patrimoine qui met à disposition des particuliers un assistant patrimonial en ligne permettant de simuler tous les projets patrimoniaux, de souscrire en ligne à leurs offres et de suivre son patrimoine en temps réel. C’est donc une offre très large de services financiers et d’épargne qui est déclinéé en version numérique.
Les robo-advisors ou quand les algorithmes gèrent votre patrimoine
Mais le mouvement de digitalisation va bien plus loin que la simple version numérique de services déjà existants. La digitalisation de la gestion de patrimoine se matérialise aussi par des services innovants, des acteurs totalement disruptifs, à l’image des robo-advisors, symboles de cette mutation.
Le robo-advisor est un nouveau type de conseiller en gestion de patrimoine. Ces fintech dont les pionniers furent Betterment ou encore WealthFront aux États-Unis sont des plateformes web automatisées qui assurent la gestion de portefeuilles en ligne avec une faible intervention humaine. Basé sur des algorithmes et sur l’étude de big data, le robot prodigue des conseils sur les achats et ventes à réaliser en fontion du profil des investisseurs, laissant généralement au client le choix final d’acter ces opérations ou non. Ce sont donc des outils automatisés qui fournissent des conseils ou recommandations aux investisseurs particuliers sur la base d’une approche algorithmique des besoins.
Ces algorithmes se déclinent en BtoB et en BtoC, c’est-à-dire qu’il existe des robo-advisors présentant des solutions vendues aux institutionnels (banques, groupes d’Asset Management, etc.) ou directement aux particuliers.
Dans les deux cas, les robo-advisors permettent une démocratisation de la gestion de patrimoine car l’allocation d’actifs automatisée est moins chronophage et plus rentable que sa version traditionnelle.
Les forces et limites du tout digital dans la gestion du patrimoine
La digitalisation de la gestion de patrimoine a, comme toute choses, ses forces et ses limites. Le premier des inconvénients qui vient à l’esprit est sans nul doute la déshumanisation du secteur et les problèmes pratiques que cela peut poser : comment parler à un conseiller en cas de doutes, de problèmes, etc. Sans compter qu’on ne sait pas vraiment comment réagit un robot face à un vent de panique (irrationnel et profondément humain) sur les marchés financiers.
De plus, même si les robo-advisors, courtiers en ligne et autres services digitalisés de la gestion de patrimoine nous promettent des offres parfaitement adaptées à nos besoins, ne risque-t-ton pas de tomber dans la standardisation, bien loin donc du sur mesure historique du conseil en gestion de patrimoine ?
En matière de robo-avisor, le réel progrès viendra sans doute de la combinaison entre le robot et l’humain. Althos patrimoine par exemple semble être sur ce créneaux, offrant support et suivie en ligne ainsi que des conseillers dédiés pour une approche sur-mesure. On peut aussi citer Schwab.com aux États-Unis.
La digitalisation de la gestion de patrimoine, pour être réussie et satisfaisante, doit se faire par les hommes et pour les hommes. Elle doit en effet permettre de se recentrer sur l’humain. Ce sera sans doute le cas pour les plus aisés qui profiteront toujours de conseils « humains ». Quid des clients plus « modestes », cible des nouveaux acteurs qui comptent par exemple sur la technologie de robo-advisor pour abaisser le coût de la gestion de patrimoine ?
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