Devenir chef d’entreprise ne passe pas nécessairement par la création d‘une structure. Vous pouvez aussi reprendre une entreprise qui a déjà fait ses preuves. Il y au moins cinq repreneurs motivés qui se présentent pour une entreprise à vendre. C’est ce que révèlent Pascal Ferron, vice-président de Baker Tilly France et Stéphane Meunier, conseiller transmission à la Chambre de commerce et d’industrie de Paris Ile-de-France. Pour mettre toutes les chances de son côté, la préparation et la motivation sur le long terme sont fondamentales. Café du Patrimoine vous livre leurs conseils.
Se préparer et se former à la reprise d’une entreprise
Entre l’idée que vous vous faites de la reprise d’entreprise, et la réalité que vous allez vivre, il risque d’y avoir quelques écarts significatifs. Pour savoir à quoi vous en tenir, vous pouvez suivre une formation à la reprise d’entreprise. De très nombreux organismes en proposent. Travaillez sur votre fiche de cadrage pour vous démarquer. Cela est d’autant plus important quand l’on sait que 90 % des repreneurs recherchent la même chose. Construisez votre fiche de cadrage comme une réflexion stratégique sur vos capacités. Insistez sur vos atouts, vos faiblesses, les aspects sur lesquels vous devrez vous adjoindre des compétences complémentaires aux vôtres. Selon Pascal Ferron, « Le plus important, dans la reprise d’entreprise, la clé du succès, c’est d’arriver à identifier quelle valeur ajoutée personnelle vous allez pouvoir apporter à l’entreprise. En quoi vos capacités personnelles et professionnelles, vos connaissances, votre stratégie, votre vision, etc. vont déclencher un effet de levier qui vous permettra de donner un nouveau souffle à l’entreprise rachetée. »
Entrer dans le rôle de chef d’entreprise
Pour mener à bien le processus de reprise d’entreprise, l’état d’esprit compte beaucoup. N’allez pas croire qu’il est plus aisé de reprendre une société que d’en créer une propre. Les professionnels estiment le parcours à une durée de 18 à 24 mois, faits d’attente et d’incertitude. Car le chef d’entreprise cédant son entreprise qui se prépare à partir à la retraite ne vendra pas à n’importe qui. Attaché à son entreprise, il cherchera le repreneur le mieux à-même de prendre soin de son “bébé”, de lui permettre de se développer sans déroger aux principes qui ont conduit à son succès. L’argent ne suffit pas. Il faut créer du lien, lui donner confiance, le convaincre que c’est vous, et vous seul, qui arriverez non seulement à faire perdurer son entreprise, mais à la développer. Les rapports humains sont totalement prépondérants. Pour convaincre, vous devrez avoir très précisément défini votre projet, vos atouts pour réussir et vos objectifs. Vous devrez parfaitement connaître le secteur que vous tentez d’approcher, sans jamais vous montrer hautain. En bref, être sûr de vous, mais en toute humilité.
Pour devenir patron de PME : soyez proactifs et ouverts
Personne ne vous attend, surtout pas les cédants. Vous ne pourrez compter que sur vous-même pour faire avancer les choses. Restez toujours en mouvement : relancez les intermédiaires, soyez à l’affût de tous les conseils, saisissez toutes les opportunités. Trouver la perle rare reste néanmoins la première difficulté. Comme dans la recherche d’emploi, l’activité du marché se révèle souvent très discrète. La partie immergée de l’iceberg représenterait au moins 60 % ! Pour avoir accès à des dossiers de reprise de qualité et, de préférence, avant tout le monde, vous aurez intérêt à faire jouer toutes vos relations et à solliciter les différentes parties prenantes dans ce type de transactions : banques, notaires, experts-comptables, avocats, associations professionnelles. Faites savoir autour de vous que vous êtes repreneur. C’est ainsi que vous obtiendrez des informations complètes et, le cas échéant, moins officielles qu’auprès d’un intermédiaire désigné. Par exemple : le vendeur est-il vraiment prêt à vendre ? C’est là la première caractéristique d’un dossier de reprise viable or elle n’est pas si évidente, nous apprennent MM. Ferron et Meunier.
Ne négligez jamais aucune piste. Stéphane Meunier nous apprend que « Dans 70 % des cas, les repreneurs reprennent une entreprise dans un secteur d’activité dont ils ne sont pas issus. Il faut, en conséquence, savoir rester ouvert aux opportunités. » Ne cherchez donc pas absolument à reprendre une entreprise dans un secteur que vous maîtrisez. Restez ouvert à toutes les possibilités et ce, simultanément. Pour Pascal Ferron : « Le piège consiste, parce que vous avez eu un super contact avec un cédant, à ne vous focaliser que sur un seul dossier. Erreur qui peut être fatale. Tant que vous n’avez pas signé, vous ne savez pas si le cédant est vraiment vendeur. Continuez toujours à activer d’autres pistes. »
Naturellement, l’autre élément essentiel consiste en la rentabilité du projet : le prix demandé est-il en accord avec le marché ? L’entreprise est-elle assez rentable pour que vous puissiez rembourser votre emprunt et vous verser un salaire satisfaisant ?
Une reprise d’entreprise implique un changement de vie
Les spécialistes cités plus haut mettent en garde les repreneurs potentiels : la réalisation de votre projet impliquera un changement de vie radical : un changement de rythme, un changement de responsabilité. Avez-vous vraiment envie de devenir entrepreneur ? Et donc à ne pouvoir vous payer que si les encaissements sont suffisants ? À vous démener, tous les jours, pour trouver des clients, à motiver vos troupes, surmonter toutes les difficultés ? La famille compte également beaucoup et, pour une reprise réussie, doit vous soutenir dans votre projet. Cela implique souvent un conjoint prêt à consentir des sacrifices financiers, à déménager. En effet, une reprise peut aussi signifier un déménagement. Il est important que votre conjoint vous soutienne dans les bons mais surtout dans les mauvais moments – car vous connaîtrez des phases de découragement, comme tous les candidats repreneurs.
Vous l’aurez compris, la préparation est autant psychologique que stratégique !
4 idées reçues sur la reprise d’entreprise
Il faut un tiers d’apport personnel
Faux. Il faut un apport certes mais il peut représenter un quart de l’enveloppe globale ou les trois-quart, ce n’est pas le plus important. Pascal Ferron insiste : « Dans toute ma carrière d’expert-comptable conseil spécialisé en reprise d’entreprise, j’ai pu constater que si le projet est bon, le financement n’est jamais un problème. »
Il ne faut pas être trop jeune, ni trop vieux
La plupart des repreneurs ont en effet entre 40 et 50 ans mais cela ne veut rien dire. L’âge n’a aucune espèce d’importance.
Il vaut mieux commencer petit
Oui, si vous êtes un artisan ou si vous préférez parce que vous n’avez connu que de très petites structures.
Non, si vous venez de grandes boîtes et que vos principaux atouts sont vos qualités de manager. En choisissant une petite structure, vous pourriez même aller droit dans le mur.
Vous ne saurez pas gérer une PME si vous venez d’un grand groupe ou du salariat
Faux. Ce sera sans doute plus difficile, c’est en quelque sorte un saut dans l’inconnu et il faudra très vite s’adapter et comprendre. Mais comme le souligne Pascal Ferron, « généralement, lorsqu’on se retrouve aux manettes d’une entreprise où on a investi son propre argent, on comprend très très vite… »
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